Société Coopérative Purdel
(1983...)
155, St-Jean-Baptiste, Le Bic
À
compter des années 1950, l'agriculture connaît une véritable
révolution. Un nombre de plus en plus restreint de producteurs suffit à
alimenter les marchés et le nombre total de ferme chute de plus de 12
000, en 1950, à un millier à la fin du siècle.
En 1950, la formule coopérative est bien implantée. Depuis la fin des
années 1930, les sociétés coopératives agricoles se sont multipliées.
Elles sont responsables de la plus grande partie de la production
beurrière et se diversifient dans la vente des produits pour la ferme.
Presque tous les producteurs agricoles font partie de leur coopérative
locale. Au cours des années 1950, une vague de concentration en réduit
le nombre et près d'une trentaine disparaissent. À la veille des
profonds bouleversements qui vont suivre, elles regroupent 6 000
membres et opèrent des beurreries et des meuneries et transforment et
revendent à la Coopérative fédérée la majorité du lait industriel. Ce
sont les coopératives de Sayabec, du Bic, L'Isle-Verte, Mont-Joli et
Notre-Dame-du-Lac qui sont au coeur du mouvement de consolidation.
Au début des années 1960, trente beurreries coopératives et huit
usines privées procèdent au ramassage de la crème, la grande majorité
de la séparation du lait s'effectue encore à la ferme. La presque
totalité des approvisionnements sont transformés en beurre contre un
faible volume en fromage, crème glacée et poudre de lait. Cette
concentration dans le lait de transformation, un secteur largement
subventionné par l'État, amène de tels surplus que la Commission
canadienne du lait doit imposer un système de quotas. Les
coopératives agricoles régionales doivent donc se tourner vers le lait
de consommation destiné à l'approvisionnement des villes québécoises.
C'est la coopérative agricole du Bic, supportée par la Coopérative
fédérée et le ministère de l'Agriculture du Québec, qui va conduire
l'agriculture bas-laurentienne dans ce passage du lait industriel au
lait de consommation.
La coopérative Sainte-Cécile du Bic, fondée en 1928,
vivote jusqu'à la seconde guerre mondiale, quand la hausse des prix et
de la demande pour le fromage lui permet de s'assurer une bonne base
financière. À la fin des années 1950, elle absorbe quatre coopératives
voisines et, en 1965, elle construit une usine moderne à Trois-Pistoles
pour le traitement du lait entier. L'achat de la
crémerie Desrosiers de Mont-Joli, l'agrandissement de l'usine de
Trois-Pistoles et la fusion avec la coopérative de la Matapédia, en
1972, lui permet de rejoindre 2 400 fournisseurs de lait industriel. En
quelques années, la consolidation des bassins laitiers du
Bas-Saint-Laurent est complétée sous l'égide de la petite coopérative du Bic, devenue la Coopérative agricole
du Bas-Saint-Laurent (CABSL).
Les années qui suivent sont sous le signe de l'extension des marchés.
En 1972, la CABSL achète la laiterie Pasteur
de Rimouski et celle de Sept-Îles. En
1977, l'acquisition de la laiterie Laval de
Québec lui ouvre le marché du lait de consommation de cette ville. Mais
c'est en 1983 que la CABSL, rebaptisée Purdel en 1983, frappe
son plus grand coup, en achetant La
Ferme St-Laurent, ce qui lui donne accès au vaste marché
montréalais. Elle contrôle alors plus du quart du lait nature au
Québec, depuis ses usines de Rimouski, Thetford Mines, Québec et
Montréal mais comme la concurrence se fait de plus en plus âpre entre
compagnies privées et coopératives, cinq coopératives régionales, dont
Purdel, et la division laitière de la Coopérative
fédérée de Québec décident d'unir leurs actifs dans le lait de
transformation pour former le groupe Lactel. Toutefois, dans les
années 1990, les géants québécois Agropur et Saputo
entrent en compétition et Purdel se retire dans son territoire d'origine.
Sources : FORTIN, Jean-Charles. Histoire de l'agriculture dans le Bas-Saint-Laurent, 1891-1951.
Recherches : Robert Caron
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