Ferme du Ruisseau Dairy
(1917-1967)
Historic
(English translation to follow...)
La Ferme du Ruisseau doit son nom au rang du Ruisseau à Contrecoeur. C'est entre 1896 et 1904 que Joseph Leblanc fit l'acquisition des lots où il construisit les bâtiments de ferme et sa maison. Comme nous pourrons le constater, cette ferme a constamment progressée au cours du siècle qui s'amorçait.
En 1917, Joseph Leblanc commence à distribuer du lait dans le village de Contrecoeur, probablement pour lui procurer plus de revenus pour sa nombreuse famille. Au début, on apportait le lait dans des petits bidons et on versait les quantités requises par les clients dans des plats ou terrines. Le prix était fixé sur place. Joseph qui avait des parents à Montréal avait sûrement vu des pintes et chopines en vitre lors de ses visites. Il introduisit les bouteilles en vitre à Contrecoeur : pintes et chopines. Il les achetait par courrier chez B. Trudel et Cie, 6 Place d'Youville, Montréal. Elles arrivaient en caisse par le train du CN à la gare de Contrecoeur. Il y avait aussi les caps en carton qui étaient libellés à son nom.
Dans ces années, le lait se vendait 4 cents la pinte. Durant la guerre de 1939-45, la pinte se vendait 8 cents et le gouvernement fédéral donnait un subside de 2 cents. Joseph se présentait à la banque une fois par mois pour recevoir ce subside. Quand la guerre prit fin, le gouvernement cessa ce subside et le lait se vendit alors 10 cents. La crème était à 40 cents.
Joseph avait deux fils qui travaillèrent sur la ferme; Albert (1907-1990) et Joseph-Louis (1921-2001). Sa 2e Épouse, Blanche Cormier, faisait dans les années 40 du beurre et il était vendu à la livre aux clients. L'été, avec les surplus de lait, on faisait de la crème qu'on vendait facilement, surtout au temps des fraises. Les gens de Montréal arrêtaient à la ferme le dimanche soir pour s'en procurer, en revenant de leur chalet des Grèves.
Le troupeau de Joseph se constitua peu à peu de vaches de race pure Ayrshires. En 1926, il commença à le faire enregistrer au ministère fédéral de l'agriculture. Tous les animaux du troupeau avaient un nom et le préfixe était DU RUISSEAU. Plus tard, Joseph se mit au contrôle laitier dans le but d'améliorer la qualité de son produit. La quantité de lait était inscrite à chaque traite sur des feuilles spéciales. Un inspecteur fédéral venait à tous les deux mois pendant 2 jours pour prendre les pesées et échantillons de lait pour en faire le test de gras. Les tests se faisaient sur la table de la cuisine.
Pour la route de lait, il y avait une voiture spéciale et un cheval. L'été, elle était sur roue et l'hiver sur patins à neige. C'était la même voiture qui à l'aide d'un palan changeait d'aspect à la première neige et retrouvait ses roues au printemps. Vers 1950, un camion remplace la voiture à cheval et le progrès continue.
En 1947, Joseph vendit sa ferme à ses fils Albert et Joseph-Louis et prit sa retraite au village. C'est Joseph-Louis qui livre le lait chaque matin. Durant les vacances et les fins de semaine, les fils d'Albert, André et Pierre-Paul vont lui aider. Le dimanche matin, c'est la course pour tout faire avant la messe de 10 heures. À trois, ils livrent à une centaine de clients mais il ne faut pas de pépins à la dernière minute. C'était 7 jours par semaine, 365 jours par année!
Albert, marié à Clémentine Boucher en 1934, eut quatre enfants: Pierre-Paul, André, Thérèse et Lise. Joseph-Louis, demeuré célibataire, vendit sa part à André en 1958. Celui-ci continua d'opérer la route de lait jusqu'en 1967. À cette époque, le lait se vendait 25 cents la pinte. Dans ces années-là, nous étions les seuls à vendre du lait nature entre Montréal et Sorel. C'était aussi le temps où la pasteurisation devint obligatoire pour la vente au détail. C'est ainsi qu'André vendit sa route de lait à Jean-Claude et Maurice Auclair qui étaient représentants pour la laiterie St-Alexandre de Longueuil. Par la suite, André allait vendre son lait nature sur le marché de Montréal à la Ferme St-Laurent.
En 1972, André, marié à Pierrette Émond depuis 1964, achète la part de son père Albert, qui prend sa retraite. La même année il achète la terre voisine afin d'avoir la possibilité d'augmenter son troupeau et cultiver environ 185 arpents.
Pour le progrès de la ferme, Joseph s'inscrivit au concours du Mérite agricole en 1926 et remporta une médaille d'argent. En 1936 et 1941, il concourut pour la médaille d'or. Albert suivit ses traces et remporta une médaille d'argent en 1951 (11e place). André aussi remporta une médaille d'argent en 1975 (4e place). En 1980, il concourut pour la médaille d'or et obtint la 3e place.
André a deux garçons; Michel et Serge. Ils ont fait des études universitaires dans le domaine de l'administration et ne sont pas intéressés à la ferme. André se voit dans l'obligation de vendre sa Ferme du Ruisseau. Cela devient effectif à l'automne 1989 et le troupeau Ayrshires se vendit par encan.
Informations : André and Pierre-Paul Leblanc
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