Henri Belanger Milkman
(1932 - 1969)
Dairy coupons and token - J. P. Desjardins
Historic
(English translation to follow...)
Voici quelques mots au sujet d'un laitier qui a oeuvré à Charlesboug ouest de 1932 à 1969. Il s'agit de M. Henri Bélanger. Né le 26 novembre 1918, Henri est la cadet d'une famille de 5 enfants. Il faut se rappeler qu'au début des années 30, on est en pleine crise économique. Il n'y a pas de travail et bien des familles vivent du "secours direct".
Louis Bélanger, le père d'Henri est plus chanceux. Il travaille comme livreur chez Zéphirin Paquet rue St-Joseph à Québec. C'est l'un des plus gros magasins à départements (à rayons) de Québec. En cette période difficile, la majorité des jeunes ne fréquentes pas l'école très longtemps. La priorité pour chacun est de subsister.
En 1930, question d'établir ses enfants et de pallier au manque d'ouvrage causé par la crise économique, Louis décide d'acheter la ferme de M. Béloni Fortier à Charlesbourg ouest. Le salaire de Louis est très modeste, il gagne $18.00 par semaine. C'est son frère qui doit lui avancer les $8,000.00 nécessaires à l'achat de la ferme. Cette ferme de 52 arpents est située au sud de la côte des Érables.
Ce sont les trois garçons qui s'occupent de la ferme car Louis garde toujours son emploi de livreur chez Paquet. Ils font l'élevage et cultivent des légumes qu'ils vont vendre au marché St-Pierre à Québec.
En 1931 Louis achète, pour $600.00, la Ford 1930 de l'épicier J.A. Moisan rue St-Jean à Québec. Le jeune Henri, par l'entremise d'un ami influent de son père, a réussit à obtenir son permis de conduire. Il est âgé de seulement 14 ans!
En 1932, après avoir complété sa 7è année, ses études sont maintenant terminées, Henri commence sa carrière de laitier artisan. C'est avec le véhicule de son père qu'il fait ses premières livraisons de lait cru dans la ville de Québec. Il travaille avec les moyens rudimentaires du temps, à l'aide de bidons qu'il transvide dans son porteur en tôle étamée contenant 4 pots (pintes) avec un couvercle qui sert de tasse qui équivaut à une pinte, au milieu de ce couvercle, il y a une barre qui indique la mesure d'une chopine.
En 1932, il vendait le lait 8 cents la pinte. C'est en 1932 qu'il fait imprimer 1000 coupons en carton, 500 de couleur orange (chopine) et 500 de couleur bleue (pinte), identifiés Charlesbourg ouest (lieu où était située la ferme). Les premières années, il vend 125 pintes de lait par jour.
Le 6 août 1949, il se marie et déménage au 618 rue Napoléon à Québec. C'est à cette occasion qu'il fait imprimer d'autres coupons avec sa nouvelle adresse. Cette fois, le bon pour une chopine est rouge mais celui de la pinte demeure bleu. Ces coupons en carton se détérioraient très rapidement et certains clients peu scrupuleux avaient trouvé le moyen de dédoubler des coupons pour en faire deux. En 1952, Henri décide donc de faire fabriquer 1000 jetons en plastique de forme octogonale de couleur bleue avec lettrage or et incrusté. Ces jetons furent en usage jusqu'en 1969.
En 1956, Henri achète la route de lait de M. Gérard Trudelle et en 1960 celle de M. Jean-Louis L'Heureux. Cela lui permet de livrer plus de 200 pintes de lait par jour.
En 1969, le lait se vend maintenant 31 cents la pinte et la clientèle de M. Bélanger diminue de jour en jour. Les clients demandent du lait pasteurisé et vont de plus en plus s'approvisionner dans les supermarchés. Henri ne livre plus que 100 pintes de lait par jour. Face à cette situation, Henri décide d'accepter la somme de $500.00 qu'on lui offre pour sa route de lait et met fin à sa carrière de laitier artisan.
En 1969, à l'âge de 51 ans, Henri est beaucoup trop jeune pour arrêter de travailler. Il se recycle et entre au département des pièces pour une compagnie d'autobus scolaires. Il occupe cette fonction jusqu'à 65 ans, âge où il prend définitivement sa retraite. Maintenant âgé de 82 ans (en 2000), M. Bélanger est encore en bonne santé et profite des bons moments de la vie.
Source : "Chronique du jeton" par Jean-Luc Giroux"
=-=
À l'automne 2000, la Société Historique de Charlesbourg organisa à la maison ancestrale Ephraëm Bédard, une exposition sur les 50 laitiers artisans qui avaient oeuvrés à Charlesbourg entre 1884 et 1977. En cette année 2000, douze de ces laitiers étaient toujours vivants. Le plus vieux, âgé de 90 ans, était en excellente santé et il est même venu visiter l'exposition.
Pour ma part, j'y ai fait la découverte d'une foule de choses dont des coupons et des jetons laitiers dont j'ignorais l'existence. Tous ces laitiers ne livraient que du lait cru, c'est-à-dire du lait de vache naturel, non pasteurisé et non homogénéisé.
Searches : Jean-Pierre Desjardins