Arthur Reid Laitier (1923 - 1957)
Roger A. Reid Laitier (1957 - 1987)


Bouchon 42mm - Steve Lussier
Jeton de laiterie - Paul Conner

Historique

Né le 4 février 1883 à Chateauguay Qc. M. Arthur Reid est de descendance écossaise, membre d'une septième génération canadienne française. Marié à deux reprises, avec sa première épouse Bernadette Malette, il a eu 2 filles et 4 garçons et suite au décès de celle-ci, il épousa en 1921 Emma Laberge, veuve de Raoul Dupont, mère de 2 filles et 3 garçons dont un fut nommé Ulric. Leur mariage fut béni de 9 autres enfants, soit 4 filles et 5 garçons, ce qui faisait 20 enfants à entretenir.

En 1923, c'est avec un troupeau de 15 vaches laitières qu'Arthur commença sa petite laiterie dans le Rang St-Jean-Baptiste à Châteauguay. Le lait était versé dans des contenants de 8 gallons puis transvasé dans des 2 gallons et 1 gallon pour ses clients. En 1924, il avait plus de 50 clients et il commença l'utilisation de bouteilles de verre. La livraison se faisait avec une voiture tirée par un cheval comme on peut le constater sur le site d'Ulric Dupont, l'un des fils de la seconde épouse. Le lait se vendait alors 5 cents la pinte.

En 1938, Arthur fit l'acquisition d'un camion. En 1942, son fils Roger commença dans le commerce avec son père. Le lait se vendait 12 cents la pinte en hiver et 10 cents l'été. En 1949, Roger épousa Gaétane Madore qui donna naissance à 2 filles et 2 garçons. En 1957, un deuxième camion fut acheté et le commerce changea de nom pour "Laiterie Roger A. Reid". Par la suite, Roger et son fils Clément s'approvisionnaient chez "Granger & Frères" de St-Jean, une division de "Québon". Arthur Reid est décédé le 25 novembre 1971.

Roger A. Reid est né le 30 septembre 1927 et il est décédé le 27 novembre 2008.

TÉMOIGNAGE

Texte écrit par madame Gaétane Madore Reid,
épouse de Roger A. Reid, et publié en 1985 dans l'album-souvenir produit
à l'occasion des fêtes du 250e anniversaire de la création de la paroisse
Saint-Joachim de Châteauguay 1735 - 1985

Nous sommes dans les années vingt, Monsieur Arthur Reid habite le rang St-Jean-Baptiste, devenu aujourd'hui un grand boulevard portant le même nom. Ce bon cultivateur, veuf avec six enfants, venait de se remarier quelques années auparavant avec veuve Dame Emma Laberge-Dupont, ayant elle-même cinq enfants. Aussi se retrouva-t-il, au lendemain des noces, père d'une famille nombreuse, laquelle augmenta de neuf autres enfants avec les années qui suivirent.

Ainsi, afin de nourrir toutes ces bouches, il décida de diversifier sa production agricole, d'autant plus qu'il possédait un gros troupeau de vaches, et d'embouteiller lui-même son lait. Un bon matin il acheta des pintes de lait de vitre et, avec son cheval et sa voiture, partit vers le village vendre son lait. Bientôt il fit le tour du grand Châteauguay d'aujourd'hui, desservant toujours le village, mais aussi, en plus, Notre-Dame de l'Assomption, Châteauguay Bassin, Châteauguay Nord et même Châteauguay Heights. Au tout début, les ventes n'étaient pas fantastiques, on vendait trois ou quatre gallons de lait par jour, mais avec ténacité, le commerce profita.

Heureusement que la famille était nombreuse pour aider Monsieur Reid dans son nouveau métier, car la préparation de la mise en bouteille du lait demandait assez de soins. Chaque jour, dans un petit hangar situé près de la crèmerie, il fallait laver et brosser les bouteilles dans une grande cuve d'eau, puis on les rinçait très bien et on les faisait sécher. On procédait ensuite à l'embouteillage à l'aide du grand bol de l'écrémeuse qui possédait un long bec, ce qui facilitait l'opération.

Les journées de travail étaient longues, car on se levait à la barre du jour et, encore à la nuit tombée, on s'attardait aux préparatifs du lendemain. Monsieur Reid devait aussi apporter ses victuailles pour manger en cours de route, car le trajet d'une journée, avec les chemins plus ou moins pavés par endroits, ne permettait pas le retour à la maison pour dîner. L'hiver, surtout, il fallait beaucoup de témérité pour passer de maison en maison lait et crème en enjambant souvent plus de trois pieds de neige. Heureusement que son cheval connaissait la route par coeur et pouvait ainsi ramener son maître à bon port quand la fatigue lui faisait plisser les yeux, surtout par les temps de froidure.

Monsieur Reid connaissait bien son monde et lorsqu'il entraînait un de se fils pour l'aider à la «ronne de lait», il lui identifiait sa clientèle par la forme de la maison ou une autre de ses caractéristiques (couleur, grandeur, rallonge, toit plat ou en pente, etc.) car, à l'époque, les numéros civiques indiquant aujourd'hui notre adresse, n'existaient pas.

Petit à petit la route de lait augmenta et, vers 1935, on acheta un premier camion; puis vers 1946, on construisit une grande laiterie, tout en bloc de ciment et on acheta, enfin, des laveuses automatiques.

Plusieurs des fils de Monsieur Reid connurent ce qu'était la livraison du lait à domicile. Ulric Dupont, qui habite toujours Châteauguay, a exercé ce dur métier pendant bien longtemps. Son frère Jean-Paul a aussi passé le lait à Châteauguay pendant bien des années pour ensuite continuer dans la même ligne à Montréal pour une certaine laiterie. Puis, vers 1944, deux autres fils, Roger et Guy du «troisième lit» ceux-là, sillonnaient à leur tour le grand Châteauguay avec leurs camions tout neufs.

Vers les années 1950, étant donné les exigences sanitaires et autres, on abandonna l'embouteillage-maison et on prit arrangement avec la Laiterie Granger de St-Jean afin que le lait soit livré chez Monsieur Reid. On dû alors faire construire un grand réfrigérateur à même la laiterie. Ainsi, on peut diversifier d'autant la gamme de produits à vendre : lait pasteurisé et homogénéisé, lait au chocolat, crème; puis on rajouta la vente du beurre et des oeufs.

En 1957, Roger partit à son propre compte et prit la relève du commerce paternel. Guy, qui livrait encore le lait jusqu'à cette année, alla s'installer sur une ferme. Roger continua lui de livrer chaque jour son lait, beau temps, mauvais temps; et des mauvaises températures, il en a bien connues. Ainsi lors des débâcles du printemps, quand la rivière ne pouvait plus contenir ses eaux tumultueuses et que les glaces venaient encombrer les routes et petites rues, notamment au Bassin, Roger et le boulanger livraient lait et pain en chaloupe toujours à domicile. C'étaient les premiers «dépanneurs» ambulants; souvent aussi, il leur fallait même faire un bon détour par "Caughnawaga".

Quarante ans plus tard, Roger et son fils continuent toujours de livrer son lait et d'autres produits laitiers aux maisons, commerces, et écoles de Châteauguay. Il a toujours le sourire et un bon mot pour chacun. De temps à autre, il délaisse ses pintes quelques minutes, histoire d'aider quelqu'un qui éprouve de la difficulté dans une tâche, une dame âgée ou une personne en panne d'automobile.

Encore aujourd'hui, le lait vient toujours de St-Jean. Un petit fils de Monsieur Arthur Reid, le fils de Roger, Clément, fait à son tour la «ronne de lait» aux côtés de son père. C'est ainsi qu'un commerce de plus de soixante ans d'existence vit encore dans les années 85, car chez les Reid, on a toujours aimé ce que l'on faisait, le contact avec les gens et le travail bien accompli.


Roger A. Reid à ses début comme laitier


Roger A. Reid plusieurs années plus tard...


Feuille de commande - Économusée Charlevoix

Révisé 24-04-2011
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