Omer et Roger Millier
(1925 - 1955)


Pinte Omer Millier - Laurier Fluet
Pinte Roger Millier - Danny Currie

L'histoire de la famille Millier de Saint-Hilaire débute avec M. Ananie Millier et son épouse, Régina Lussier. Le couple y élève une famille de 7 enfants, dont un garçon nommé Omer.


Omer Millier

En 1903, Omer a 22 ans et il a déjà épousé Rose-Alma Pion. Le couple qui veut s'établir sur une ferme à Saint-Hilaire, achète donc une concession du Seigneur Colin Campbell. Sa terre est située dans la Seigneurie Rouville-Campbell, le long du Richelieu, à l'extrémité sud du village de Saint-Hilaire.

En plus du prix d'achat, Omer doit verser au seigneur Campbell, une rente seigneuriale annuelle de $8.23. La résidence du seigneur Campbell est le désormais célèbre Manoir Rouville-Campbell.


Carnet 1903 signé par le seigneur Colin Campbell

Le couple Omer Millier s'installe donc dans une grande maison de ferme qu'il a lui-même construite dans le secteur sud de Saint-Hilaire. Depuis janvier 1950, le secteur où était situé la ferme Millier est séparé de Saint-Hilaire et porte le nom de Otterburn Park. La maison porte aujourd'hui le numéro civique 1262, Chemin des Patriotes.

En 1913, le couple a un fils qu'il appelle Roger. Puis, petit à petit, Omer acquiert un troupeau de vaches et de chèvres. Vers 1925, Omer décide de commencer le commerce du lait cru. Comme il possède un bon troupeau de vaches laitières et plusieurs chèvres, il débute donc la vente de ces deux sortes de lait.

Entre temps, Roger va à l'école et aide son père sur la ferme. C'est un garçon très doué pour les études. À 18 ans, il obtient son Baccalauréat en agronomie. Par la suite, il se rend étudier chez les Pères Trappistes d'Oka où il obtient sa licence en agronomie.


Roger Millier, 22 ans (1936)
Lors de l'obtention de sa licence d'agronome à l'Institut Agricoled'Oka.

En 1940, Roger épouse Hermine Pion et le couple s'installe dans la maison paternelle. À cette occasion, Omer vit la possibilité d'agrandir sa ferme en achetant la ferme voisine, et c'est lui qui emménagea dans la nouvelle maison.

Les bâtiments de ferme et la "Laiterie Millier" séparent les deux maisons. C'est bien commode pour le travail et le commerce qui grossit toujours. Cette nouvelle maison d'Omer porte aujourd'hui le numéro civique 1344, Chemin des Patriotes.

C'était pour encourager son fils à prendre la relève, qu'Omer fit imprimer le nom de Roger sur les bouteilles me raconte Hermine.


Hermine Pion Millier à la petite laiterie du Chemin des Patriotes


Roger Millier partant faire des livraisons

Un peu d'histoire concernant le Manoir Rouville-Campbell

En 1818, Jean-Baptiste-René Hertel, cinquième seigneur de Rouville, fut le premier à venir s'installer à Saint-Hilaire. C'est probablement vers 1819 que débuta à Saint-Hilaire le système de rentes seigneuriales car cette année-là, Jean-Baptiste-René avait décidé d'agrandir sa maison pour en faire un manoir. C'est à partir de ce moment qu'on retrouve des actes passés en son manoir. Les censitaires devaient s'acquitter annuellement de leur cens et rentes, à la Saint-Martin.

"La dîme était payée le jour de la Saint-Michel, le 29 septembre, au presbytère, tandis que les cens et rentes étaient payées le jour de la Saint-Martin, le 11 novembre, au manoir seigneurial." Ce qui n'était pas toujours respecté!

Le nom de Campbell remplace celui de Hertel lorsqu'en 1844, l'honorable Hertel de Rouville dû vendre sa seigneurie à cause de mauvaises créances. Il était menacé de saisie depuis 1842. C'est le richissime major Thomas Edmund Campbell qui s'en porta acquéreur. Celui-ci le transforma en un somptueux château.

Le manoir demeura propriété de la famille Campbell jusqu'au décès de la châtelaine Mabel Allen en 1955. Mabel était l'épouse du seigneur Colin Campbell, décédé quelques années plus tôt.

Par la suite le manoir fut abandonné. C'est le sculpteur Jordi Bonet qui s'en porta acquéreur en 1969. Au décès de celui-ci, le manoir fut transformé en hôtellerie et il est aujourd'hui la propriété de l'humoriste Yvon Deschamps.

Selon le carnet de paiement des rentes qui m'a été donné par Mme Hermine Millier (l'épouse de Roger), la rente des Millier fut diminuée à $7.48 en 1934 et prit fin le lendemain de Noël 1942.


Carnet signé par Colin Campbell et son épouse.
En 1942, Roger est allé payer sa dernière rente seigneuriale, me dit Hermine.

Rappelons qu'en 1854, la Légistature du Bas-Canada a aboli le terme "droits seigneuriaux" pour les remplacer par "rentes constituées". En 1940, une loi provinciale est venue autoriser le Syndicat National du Rachat des Rentes Seigneuriales "SNRRS", à négocier le rachat final de toutes les rentes avec les autorités concernées.

Selon les archives consultées, les dernières rentes annuelles encore payées par quelques propriétaires et collectées par les municipalités pour le Syndicat National, ont pris fin vers 1968.

Revenons à l'histoire Millier

Au début des années 50, la pasteurisation devient obligatoire. Roger veut bien aider son père mais le temps commence à lui manquer. Roger a maintenant un emploi à temps plein au Ministère Fédérale de l'Agriculture.

Les deux hommes décident donc de cesser le commerce du lait et de vendre leur production de lait à la Laiterie J. J. Joubert de Montréal. Puis, le 25 août 1968, Omer décède à l'âge de 87 ans.

Vers 1970, la municipalité d'Otterburn-Park s'étant passablement agrandie, la ferme Millier se retrouve maintenant entièrement dans la ville. La municipalité ayant adoptée un règlement interdisant les animaux de ferme dans les limites de la ville. Roger se voit contraint de tout vendre les animaux et d'abandonner le commerce.

Roger est décédé en 1979. Son épouse, Hermine, qui a maintenant 87 ans, demeure avec son unique fils, André.

Sources : Mme Hermine Millier, épouse de Roger Millier.
M. Honorius Charbonneau, ancien maire de la ville de Mont-Saint-Hilaire.

Recherches: Jean-Guy Comtois

Révisé 11-04-2011
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