Laiterie Rosario Lafontaine
(1925 - 1949)


Pinte - Robert Benoît
Chopine - Paul Conner

Origine de la laiterie

La Laiterie Rosario Lafontaine est née d'un esprit de survie. Ce père d'une famille de cinq enfants bien secondé par son épouse est arrivé à Saint-Jérôme au printemps 1925. Il a quitté Val Morin pour se rapprocher de deux de ses beaux-frères et pour améliorer sa situation financière.

Il acheta un petit lopin de terre le 28 mars 1925 à quelque 2 km de Saint-Jérôme avec tout l'outillage qui s'y trouvait lequel était déjà archaïque. Tant bien que mal, il commença à tirer profits des biens qu'il venait d'acquérir. Le temps a effacé la mémoire mais d'aucuns disent que la ronde de lait commença par la livraison d'une pinte de lait provenant d'une première vache qu'il avait acquise avec le lopin de terre ou qu'il avait achetée par la suite. Au fil des ans, sans vraiment solliciter de nouveaux clients, la ronde de lait prit de l'expansion et devint la source de revenu principale pour la famille qui avait atteint  9 enfants dont huit vivants.

Maniement du lait

Il était très fier du lait qu'il livrait en prenant bien soin de ne pas dévoiler le maniement du lait qui était effectué pour extirper les odeurs du lait frais et d'atténuer les changements de goût provenant des changements de la nourriture des animaux au cours des saisons. Pendant les premières années, le lait était refroidi et conservé au moyen de blocs de glace. Suite à l'électrification rurale, la réfrigération prit la relève.

Pratiques opérationnelles

Le lavage des bouteilles était une opération manuelle. Elles étaient par la suite, transférées  au système de stérilisation alimenté par une bouilloire chauffée au bois. Avant la livraison, le lait frais était filtré et embouteillé à l'aide d'outillage actionné manuellement. Les premières bouteilles utilisées n'étaient pas identifiées. Elles étaient du type connu sous le vocable "Laver et retourner". Les bouteilles identifiées à la laiterie apparurent beaucoup plus tard. Il n'en reste que peu d'unités qui sont devenus des objets de collection.

Ronde de lait

La livraison se faisait quotidiennement c'est-à-dire 363 jours par année puisqu'il n'y avait relâche que le jour de Noël et le jour de l'An. Comme le lait provenait de la traite du jour précédent, il fallait bien effectuer deux rondes la veille de ces deux jours de fête pour avoir suffisamment de lait pour répondre à la demande. Au retour de la première ronde destinée au besoin du jour, c'était le branle bas avant de repartir pour la deuxième ronde couvrant les besoins du lendemain afin d'être de retour avant minuit.

Voiture de livraison

La première voiture à trait tirée par un cheval comprenait une boîte à caisson de chaque côté laissant une allée au centre. Elle reposait sur un train muni de roues à bandages métalliques en été. À la première tempête de neige, la boîte à caisson était transférée sur traîneau car la neige collait sur les bandages métalliques des roues. Avant le début de l'hiver et au printemps, cette opération était récurrente au gré de la température. La situation monétaire précaire retarda  certes l'utilisation d’un train muni de roues pneumatiques.

Peu de souvenirs peuvent expliquer les efforts déployés pour survivre durant les années de la grande crise économique de 1929 laquelle survint quatre ans après le début des opérations. Avec un peu de recul, il semble que l'entreprise se mesurait proportionnellement aux besoins familiaux. Tous les membres de la famille fournissaient leur contribution; ils devaient accomplir des tâches à leur mesure. La laiterie pourvoyait aux besoins familiaux mais elle n'aurait pas pu tenir sans la contribution de tous les enfants bien dirigés par leur dévouée maman jusqu'à ce qu'un des fils prenne la relève en 1949 sous le nom de Laiterie J. P. Lafontaine, c'est-à-dire mon frère Jean-Paul.

Source : M. Maurice Lafontaine, fils de Rosario Lafontaine.

Révisé 22-12-2010
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